Alors qu’Alibaba se félicite encore des ventes record du Jour des Célibataires, en novembre dernier, de nombreux Daigou doivent se rendre à l’évidence : la fête est finie et la fièvre consumériste en Chine se poursuivra désormais sans eux.
L’expression Daigou, signifiant en mandarin « acheter pour quelqu’un», est utilisée pour faire référence aux « personal shoppers». Les Daigou parcourent la planète et achètent produits de luxe, de beauté, ou même de parapharmacie sur commande de leurs clients en Chine. Détaxés dans le pays d’achat, non déclarés à l’arrivée en Chine, ces produits sont alors vendus à des prix défiants toute concurrence.
Démarrée de façon plutôt artisanale par des acheteurs occasionnels désireux d’arrondir leurs fins de mois – étudiants chinois expatriés, conjoints désœuvrés ou simples voyageurs – l’activité des Daigou s’est rapidement développée et professionnalisée autour de plateformes en ligne – comme Xiaohongshu (Le Petit livre Rouge) ou tout simplement via Wechat.
Aujourd’hui, des centaines de Daigou exercent à Paris, mais aussi à Londres, Sidney et dans toutes les grandes villes du monde. Un Daigou peut rapidement gagner 15 à 20 000 euros par an. Les plus réputés, à la tête de véritables entreprises informelles, gagnent jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros de bénéfices annuels.
La presse chinoise parle même de plusieurs dizaines de millions de Daigou, un chiffre impossible à vérifier, mais suffisamment important pour avoir suscité une réaction des autorités chinoises.
Effective depuis le 1er janvier 2019, la nouvelle loi sur le e-commerce impose à tout Daigou – particulier ou société – de se déclarer et de payer ses taxes. Et pour bien montrer qu’il ne s’agit pas d’une plaisanterie, le Gouvernement du Guangdong a condamné une Daigou opérant via Taobao à 10 ans de prison ferme pour recel et évasion fiscale.
La fin d’une ère…