« La vie a beaucoup plus d’imagination que nous ». Cette citation de François Truffaut illustre à merveille les innombrables scandales qui viennent régulièrement éclabousser le secteur alimentaire chinois. Lait pour nourrissons à la mélamine, riz cancérigène, gingembre empoisonné, huile frelatée, chou au formol, pastèque explosive, rat et renard estampillés bœuf ou mouton, viande coupée à l’eau ou avariée, carcasses de porcs retrouvés par milliers dans la rivière Huangpu, etc. La liste est malheureusement longue.
Sans surprise, les consommateurs chinois ne font plus guère confiance aux produits chinois et redoublent d’efforts et d’imagination pour leur échapper. Depuis mars 2013, Hong Kong a ainsi été obligé d’imposer un quota aux touristes de Chine populaire dévalisant – littéralement – les rayons de laits pour nourrisson importés. 50 000 euros ou deux ans de prison, c’est ce qu’encourt désormais toute personne contrôlée en douane avec plus de 1,8 kg de cette précieuse poudre blanche…
Sans surprise également, les consommateurs chinois ont changé leurs habitudes alimentaires et, pour ceux en ayant les moyens, n’hésitent pas à payer au prix fort des produits dotés d’un crédit de confiance. A l’instar de l’Américain Tyson Foods, ayant en à peine 3 ans monté une vingtaine de fermes de volailles, certaines sociétés alimentaires étrangères – épargnées par les scandales – voient ainsi leurs ventes exploser. Les produits dits biologiques – produits localement – rencontrent également un engouement croissant. Mais les millions d’hectares de terres contenant des métaux toxiques rejetés par les industries, ainsi que l’absence d’entité de contrôle indépendante freinent l’essor de cette nouvelle filière.
En novembre 2015, est apparue le Kiwi Liu, du nom du tycoon Liu Chuanzi. Après avoir consacré trois décennies à développer le groupe Lenovo, ce dernier, âgé de 69 ans, s’est lancé dans la production à grande échelle de Kiwis. En décembre 2015, c’est la « Pomme Pan » qui faisait son entrée sur le marché, du nom de Pan Shiyi, Président de SOHO China, nouveau porte-parole des pommes très réputées de la ville Tianshui, dans la province du Gansu.
Associer un nom prestigieux à un produit n’est pas une révolution marketing, mais cela fonctionne. Les consommateurs semblent prêts à suivre ces personnalités aux succès sans tâche et à mettre le prix pour acheter des produits à la fois bons et sains. Les exemples d’association de ce type sont multiples de sorte qu’aujourd’hui le nom d’un capitaine d’entreprise fait figure de véritable appellation d’origine contrôlée dans l’industrie alimentaire chinoise. Les autorités indiquent réfléchir à un système proposant de meilleures garanties aux consommateurs…